Les Bourbons

Henri IV étant huguenot va se heurter à bien des résistances. Dès le décès de Henri III en 1589, il lui faudra reconquérir le pouvoir. Il commence par le Vexin, il traverse Pontoise et couche au château de Marines, d’où il envoie un maréchal occuper Gisors le 10 août ; lui-même prend le chemin de Magny par Chars et Nucourt. Il marche ensuite, par Andely, sur Rouen mais il reconnait là que ses forces ne lui permettent pas de prendre la capitale de la Normandie et se replie sur Dieppe. Les chefs de la Ligue se sont lancés à sa poursuite traversant Mantes, Vernon, Etrépagny, s’emparent de Gournay et se dirige vers Dieppe. Arrêtés dans leur progression par l’armée du Béarnais Arques, ils rebroussent chemin et arrivent aux portes de Pontoise le 28 décembre. Profitant de la glace formée sur les fossés de la ville, ils escaladent les murs de la place le 6 janvier 1590. Ils se dirigent ensuite vers Meulan mais ne réussissent pas à prendre le fort et reculent jusqu’au rû de Guiry, ce qui occasionne la destruction de l’église d’Avernes qui avait été reconstruite en 1491 par dame Katherine d’Hardeville.

Le roi doit reconnaitre que les habitants du Vexin lui gardent une hostilité et il usera de la force pour soumettre tous les villages du Vexin. De son côté le parti de la Ligue, désorienté par la défaite essuyée à Arques et à Ivry la Bataille, a recours à une assemblée de cardinaux et d’évêques à Mantes.

Le roi de Navarre s’y présente pour déclarer qu’il veut le libre exercice de la religion pour tous et le respect de la foi de chacun. Le mot d’ordre du clergé étant de pousser à la révolte, le curé de Chars fournit des armes à tous ses paroissiens qu’il place sous le commandement de Louis Maubert qui se retranche dans le château. Henri de Navarre ne compte pas laisser faire ces insurgés, il se rend à Cormeillles et à l’aide d’un détachement d’éclaireurs passés par Puiseux encercle le château de Chars qu’il bombarde et réduit en ruine.

Château de Chars

A force de mouvement militaire et d’exécution, le pays semble intimidé et bientôt le Vexin est libéré des troupes qu’il supportait depuis si longtemps. Mais d’autre calamités vont s’abattre sur le pays. D’abord une troupe de bandits de grands chemins qui va ratisser les villages et détrousser les habitants, puis le 28 juin 1593 un orage épouvantable éclate, détruisant récoltes, toitures et tuant le bétail. A Vétheuil, à Mantes, on ramasse des grêlons soi-disant de plusieurs livres.

Henri de Navarre, déjà fatigué de guerroyer, prend le parti d’abjurer le 25 juillet à Saint Denis.

Ce sacrifice lui gagne le cœur du peuple et des feux de joie sont organisés à Paris et dans les provinces. Son sacre aura lieu en l’église de Chartres le 27 février 1594. Henri IV peut enfin s’assoir sur le trône de la France. Pour témoigner sa confiance dans la fidélité des habitants du Vexin, il consent à la démolition du château Gaillard demandé par les Etats de Normandie. Les matériaux seront récupérés pour la construction du château de Gaillon.

Afin d’apaiser les rivalités entre sujets, il leur accorde, le 13 avril 1598, la liberté de conscience par l’Edit de Nantes. Malgré les complots qui se trament contre lui, il n’en continue pas moins à travailler pour le bonheur de la France en favorisant le commerce et l’industrie, en encourageant l’agriculture et l’élevage, en nourrissant de grands projets en politique extérieure, mais ses efforts seront interrompus par l’attentat de Ravaillac le 14 mai 1610.

Le dauphin était encore si jeune que c’est Marie de Médicis qui dut se charger de la régence.

A la majorité de Louis XIII, elle décidera l’assemblée des Etats généraux pour le 14 octobre 1614.

Pour le Vexin, les nobles et le clergé furent invités pour les baillages de Gisors, de Mantes et Meulan, de Senlis-Pontoise et de Chaumont et Magny.

L’ordre du clergé choisi pour son rapporteur, l’évêque de Luçon, plus tard connu sous le nom de Richelieu. A la mort de ce grand homme, sa charge sera donnée à son ami le cardinal Mazarin. A peine six plus tard c’est Louis XIII qui décède et c’est Anne d’Autriche qui sera la régente jusqu’à la majorité de Louis XIV. Elle affrontera la Fronde née du mécontentement des grands du royaume suite, entre autres, à la création de nouveaux impôts par Mazarin et à sa politique autoritaire. Ces émeutes effraient tellement la cour qu’elle se hâte de gagner Saint-Germain puis Pontoise. La Fronde avec à sa tête les princes de Condé, de Conti et de Longueville fait éclater des troubles à Paris et en Normandie. Ces évènements occasionnent de nombreux mouvements de troupes dont certaines doivent aller de Chaumont à Chartres en passant par Mantes. Elles passent la nuit du 1er au 2 mars 1652 au camp de Nucourt et devaient se heurter aux dispositions prévues pour arrêter leur progression à Mantes. Mais le duc de Sully, gouverneur de la ville, aurait dû faire sauter une ou deux arches du pont et au lieu de cela vint accueillir les chefs rebelles avec la plus grande courtoisie, leur faisant les honneurs et leur facilitant la traversée de la ville.

Louis XIV, furieux d’apprendre un pareil mépris de ses ordres, destitua le duc de Sully.

Par suite d’un débordement de la Seine, deux arches du pont de Meulan avaient été emportées le 16 février 1651, et remplacées par une passerelle en bois. Le jour de Pâques, le 28 mars 1655, au retour des vêpres à l’église St Jacques un grand nombre de personnes passant à la fois, un craquement sinistre se fit entendre et il y eut 65 personnes englouties sous les eaux de la Seine.

Château Villette
Château Villette

Le plus ancien seigneur connu de Villette est Nicole de Bury, avocat au parlement (1492). Après lui, on trouve au XVIe siècle, Charles Mollay en 1549, Christophe et Denis Grimont, Jean Bourdin et sa veuve Catherine.

Mais c’est à l’époque de Louis XIV, entre 1663 et 1669, que Jean Jean Dyel, comte d’Auffray et ambassadeur du roi à Venise, qu’est construit le château de Villette à Condécourt.

Les plans sont de François Mansart, architecte classique qui se fera remarquer par les frais qu’occasionnent ses constructions. En effet, il n’hésite à faire détruire et reconstruire ce qu’il considère comme non conforme à ses idées. A la même époque il fit également construire le château de Guiry-en-Vexin. Il meurt en 1666 et c’est son neveu Jules Hardouin-Mansart qui achèvera le château. La seigneurie de Villette s’étant à cette époque sur tout Condécourt, une partie de Sagy, de Tessancourt et de La Villeneuve St Martin. Jusqu’à la révolution, le vin de la région parisienne était appelé vin français. Au XVe siècle, le château de Villette avait son pressoir et son fouloir qui servaient pour toute la région environnante. Il n’y en avait que trois pressoirs à raisin de cette importance en France à l’époque. La colline de Condécourt était plantée pour les deux tiers en vignes. Le vin de Sagy était réputé, il formait une part de la cave célèbre de Jean Dyel en son bel hôtel place des Vosges.

Jean Dyel mourra en 1628 avant la fin des travaux du château.

Le château deviendra par la suite la propriété de Thomas Hue de la Roque. En 1689 le domaine est élevé par le roi en marquisat.

Le 18 octobre 1685, Louis XIV révoque l’Edit de Nantes à Fontainebleau signifiant ainsi qu’il n’y a plus de religion autorisée en dehors de la religion catholique. Dans le Vexin, le gouverneur du baillage de Mantes reçu ainsi l’ordre du roi de faire démolir les temples de Limay et d’Avernes.

De manière plus générale, les violences qui se produisirent forcèrent de nombreux sujets à s’expatrier créant un désastre politique et économique.

A la mort de Louis XIV en 1715, son arrière-petit-fils, Louis XV n’a alors que 5 ans ; la régence est donc assurée par le duc Philippe d’Orléans puis à sa mort en 1723 par le duc de Bourbon Louis Henri de Condé. Cette période sera marquée par la faillite du système financier de l’état associé à la banque Law. Le parlement ayant voulu s’opposer à l’émission illimité d’actions de la Compagnie du Mississipi, sera exilé à Pontoise le 21 juillet 1720.

Sous le règne de Louis XV, la situation paysanne et l’économie s’améliore dans le Vexin comme ailleurs. Des grands travaux sont engagés, (canaux, port, routes) favorisant l’éclosion de nouvelles entreprises. La culture aussi subit des évolutions, c’est le siècle des Lumières qui va promouvoir les échanges intellectuels et la tolérance en s’opposant aux abus des Eglises et des Etats.

Au début du XVIIIe siècle le château de Villette appartient à Pierre Cousin. Sa fille Nicole épouse en 1710 Nicolas Pierre de Grouchy, capitaine de vaisseau. Sa petite fille, Marie-Louise Sophie, future marquise de Condorcet, naitra le 8 avril 1764 au château. Fille de François Jacques de Grouchy et sœur du maréchal Emmanuel de Grouchy qui fera défaut à Napoléon à la bataille de Waterloo, elle passera une enfance heureuse, très entourée d’artistes et de philosophes.  A l’adolescence elle fera un séjour à La Neuville pour acquérir son titre de Chanoinesse mais reniera finalement la religion, plus intéressée par les écrits de Voltaire et de Rousseau. Elle sera reconnue comme une des femmes les plus libres et instruites de son temps par ces contemporains.